Août 2014
NAIMSKI Laure, En kit, Belfond, 2014.
NAIMSKI Laure, En kit, Belfond, 2014.
Le résumé de l'éditeur :
Parce que Samuel l’a quittée, Hélène plante sa tente au milieu de son salon et s’y met à l’abri avec son chat d’Artagnan. Mais elle n’est pas au bout de ses peines : double toit ou pas, l’extérieur s’incruste…Ma critique :
Entre une mère hôtesse de l’air qui change d’amant comme de coiffeuse, un père juif rescapé de la Shoah, très pratiquant mais pas toujours moralement nickel, et les ouvriers sans papiers qui circulent devant ses fenêtres, Hélène n’a pas une seconde à elle.
Par touches cocasses ou graves, Laure Naimski dessine le monde un peu piqué d’une femme au bord de la crise de nerfs. Une fable tendue, caustique et désopilante sur la précarité et l’incohérence contemporaines.
J'ai adoré ce premier roman ! A vrai dire, c'est celui que j'aurais voulu écrire. C'est bien amené, le style est fluide, il y a des trouvailles fantastiques et c'est déjanté à souhaits... tout en abordant des thèmes actuels aussi graves que l'immigration, l'écologie, la crise et autres joyeusetés du millénaire.
J'ai dévoré ce "En kit" d'une traite et suis vraiment entrée dans l'univers de l'auteur. Après, je suis allée lire des critiques et ai compris qu'univers aussi décalé ne pouvait susciter qu'enthousiasme débordant (c'est mon cas) ou dégoût profond (on aime ou on n'aime pas, et ceux qui n'aiment pas sont souvent très acides). Qu'importe, je décrète ce roman génial et vous en livre d'ailleurs un extrait sympa qui donne le ton :
"Hier, ma grand-mère est morte. Elle s'appelait Eugénie. J'ai changé son prénom afin qu'elle n'ait d'ennuis post-mortem ni avec les rabbins ni avec les curés. Un dysfonctionnement lié à la canicule semble-t-il. Eugénie a souffert d'un état avancé de déshydratation. Il a suffi d'une rotation estivale des équipes mal planifiée pour que le drame arrive."
Septembre 2012
FOHR Daniel, Prière de laisser ses armes à la réception, Robert Laffont, 2010.
FOHR Daniel, Prière de laisser ses armes à la réception, Robert Laffont, 2010.
Le résumé de l'éditeur :
Lorsque le narrateur, gérant hypocondriaque
et paranoïaque d'un hôtel médiocre, découvre un registre de comptabilité plus
que douteux ayant appartenu aux anciens propriétaires, deux corses rentrés au
pays, tout est en place pour un enchaînement d'événements qui vont rivaliser
d'extravagance, entre loufoqueries diverses et cadavres en série. Mais
l'intrigue menée tambour battant ne sera qu'un prétexte pour camper la vie
quotidienne et décalée d'un hôtel à travers ses résidents souvent bizarres, et
son personnel plus bizarre encore.
Apprenant qu'une partie du Dernier tango à
Paris aurait été tournée dans l'établissement, Joseph le gardien de l'hôtel
voit une formidable opportunité pour aider son patron à dynamiser l'hôtel et
satisfaire sa clientèle. Son imagination débordante va l'amener très loin dans
ce qu'il croit être bon pour leur business, jusqu'à se prendre lui-même pour
Marlon Brando et appeler sa chienne Cheyenne, comme la fille de l'acteur. Il va
aussi se lancer dans l'organisation d'animations créatives ayant pour thème les
pays d'origine de ses clients. Mais la vie peu paisible de l'hôtel sera
chamboulée lorsque le narrateur tombe amoureux d'Estelle, une serveuse topless
d'un bar voisin, le Saloon, avec laquelle il n'arrive jamais à conclure : un feu
se déclare, il se fait agresser et casser le nez, deux cadavres sont découverts
dans la benne à ordures, le speculum d'un client disparaît. Déjà sujet aux
questionnement existentiels qu'il calme à coups de tisanes de millepertuis,
valériane et passiflore, le gérant décide d'employer les grands moyens et se
met à investir dans tout ce qui peut exister comme instrument de dissuasion et
de protection : caméra, gilet pare-balles, portique de sécurité... Tel le
sherif qui attend l'arrivée dans sa ville des desesperados, notre gérant
parviendra-t-il à se protéger et protéger ses résidents du pire ? Le pire, on
le sait, n'est jamais certain, mais dans cet hôtel très singulier, même
l'impensable peut arriver !
Ma critique :
Il y avait longtemps qu'un livre découvert par hasard ne m'avait
captivée à ce point ! L'histoire est déjantée... et imprévisible ! Chaque fois
qu'on imagine un ressort du texte, c'est le contraire qui arrive. Désagréable,
me direz-vous ? Eh bien, non : l'auteur maitrise l'art de titiller le lecteur
tout en préservant son rôle.
On s'attache rapidement à ce gérant d'hôtel maladroit qui sursaute à
l'arrivée de chaque nouveau client. Pas de bol, lorsqu'on est coincé à la
réception d'un hôtel... qui accueille chaque jour de nouveaux clients !
Derrière cette histoire rocambolesque, il y a aussi un jeu subtil
sur les stéréotypes nationaux : les anciens gérants, des bandits corses,
l'organisation de semaines dédiées à un pays au sein de l'hôtel... tout ça avec
un humour décapant.
Bref, je vous conseille ce livre qui fait mouche... Quant à moi, je
vais de ce pas me procurer le précédent roman de Daniel Fohr. Son titre,
"Un mort par page", me fait déjà rêver !
Août 2012
COSTANTINE Barbara, Tom petit Tom tout petit homme Tom,
Calmann-Lévy, 2010.
Tom a onze ans. Il vit dans un vieux
mobil-home déglingué avec Joss, sa mère (plutôt jeune : elle l'a eu à treize
ans et demi). Comme Joss aime beaucoup sortir tard le soir, tomber amoureuse et
partir en week-end avec ses copains, Tom se retrouve souvent tout seul. Et il
doit se débrouiller. Pour manger, il va dans les potagers de ses voisins, pique
leurs carottes, leurs pommes de terre... Mais comme il a très peur de se faire
prendre et d'être envoyé à la
Ddass (c'est Joss qui lui a dit que ça pouvait arriver et
qu'elle ne pourrait rien faire pour le récupérer), il fait très attention,
efface soigneusement les traces de son passage, replante derrière lui, brouille
les pistes. Un soir, en cherchant un nouveau jardin où faire ses courses, il
tombe sur Madeleine (quatre-vingt-treize ans), couchée par terre au milieu de
ses choux, en train de pleurer, toute seule, sans pouvoir se relever. Elle
serait certainement morte, la pauvre vieille, si le petit Tom (petit homme) n'était
pas passé par là...
Ma critique :
J'ai longuement hésité à ouvrir ce livre... pour cause : je pensais
qu'il s'agissait de littérature enfantine et, en temps normal, je ne lis pas
particulièrement de littérature de jeunesse (je sais, c'est un tort !). Bref,
je me décide enfin à ouvrir ce livre durant cet été.
J'ai été subjuguée par cette histoire ! Et ce n'est nullement de la
littérature enfantine... même si elle peut sans problème convenir à des jeunes.
L'histoire menée par ce petit homme, petit Tom, qui doit se prendre
en main est captivante. On le suit pas à pas dans ses expériences et on apprend
même des choses si on veut se mettre à la création d'un potager ! Dans un
roman, avouez que ce n'est pas banal... Qui plus est, les portraits et les
situations sont croqués avec beaucoup d'humour.
Bref, c'est un roman que je vous conseille, sans restriction ! Il
peut convenir à tous, dès 14-15 ans et chacun y trouvera ce qui l'intéresse :
une part de son enfance - nostalgie quand tu nous tiens !, un sujet social - au
pays des Dardenne, pourquoi pas ?, beaucoup d'humour - dans ce monde brutes, ça
fait du bien !, de la délicatesse - je me répète : dans ce monde de brutes, ça
fait du bien !, des conseils pour ceux qui croient ne pas avoir la main verte -
soufflerait-il un vent d'écologie sur la littérature ?, ... En d'autres termes,
ce roman est pour vous, qui que vous soyez ! Vous passerez sans nul doute un
bon moment en sa compagnie.
Un extrait
qui m'a marquée :
Durant ses aventures au jardin, petit Tom va
"cultiver" fort peu innocemment le jardin d'un couple d'Anglais
expatriés très sympathiques... Voici leur première "rencontre" avec
le petit garçon.
4
Vous
aviez remarqué ?
Chez les voisins...
Odette se penche à la fenêtre de la cuisine.
Elle voit Archibald à quatre pattes au milieu des plants de pommes de terre.
Pour éviter de les écraser, il tient une jambe en l'air, comme un chien qui
pisserait contre un arbre. Odette trouve ça amusant. Elle pouffe et elle crie :
— Vous êtes tombé sur un os, Archi ?
Il se redresse en grognant. Ça ne le fait
pas rire. Même pas sourire. Il n'a pas compris ce qu'elle a dit, de toute
façon. Et puis, il n'est plus très souple. Son dos le fait beaucoup souffrir en
ce moment.
— Il y a une drôle d'animal qui vient
visiter notre jardin. Une animal qui marche sur deux pattes et qui porte des
chaussures taille 35. Il aime incroyablement nos légumes et nos fruits, vous
avez remarqué ?
Odette détourne les yeux.
— Juste quelques pommes de...
Elle s'interrompt. Archibald se détend.
— Ah. Vous aviez remarqué aussi, alors.
Il l'invite à faire un tour du jardin. Leur
chat à trois pattes les suit. Ils s'arrêtent devant le plant de pommes de terre
arraché et soigneusement remis en place par Tom. Ils sourient, amusés. Sauf le
chat, évidemment. Le plant lui, commence à tourner de l'oeil. Il n'a pas
apprécié de se faire manipuler. Archibald l'arrose.
— On ne sait jamais. Il pourrait peut-être
repousser ?
— Oui, peut-être. Je regarderai dans le
livre de jardinage.
Ils vont faire un tour du côté des rangs de
carottes. Archibald montre à Odette une carotte abandonnée, posée bien en
évidence au milieu du chemin. Elle est à moitié grignotée.
—
C'était là hier soir. La fameuse coup du lapin, n'est-ce pas ?
Ils rient.
— Quelle chance ! Nous allons pouvoir
étudier de très près la faune locale. Apprendre des tas de choses intéressantes
sur la vie et les moeurs des animaux sauvages, Archi. C'est passionnant.
Puis Archibald va chercher son appareil
photo, prend une photo de la carotte grignotée et une autre du plant de pommes
de terre replanté. Pour l'album : Notre première année à la campagne et autres
aventures, by Archiblad and Odette.
Et Odette regarde dans son manuel de
jardinage, mais ne trouve rien sur la reprise des plants de pommes de terre
arrachés puis replantés.
Ça n'est pas prévu, semble-t-il.
Février 2012
VERONESI Sandro, Chaos calme, Editions Grasset.
Le résumé de
l'éditeur :
Pietro Paladini est immobile. Dans l’oeil du cyclone. Il ne sort plus de
sa voiture, garée au bas de l’école de sa fille, à Milan. Ce quadragénaire
séduisant que la vie avait épargné vient de perdre sa femme, Lara. Il attend de
souffrir, mais ce n’est pas si facile de ressentir la perte. Les amis et les
anonymes viennent lui parler, l’étreindre, partager ce temps suspendu, ce «
chaos calme» où il se réfugie désormais. Les collègues de travail à la veille
d’une fusion financière sans précédent, un frère fumeur d’opium, une
belle-soeur qui se dénude en pleine crise de nerfs, tous à un moment laissent
tomber leurs masques. Tous renoncent à la comédie sociale. Sur cette situation
digne de Beckett, Sandro Veronesi construit un roman émouvant, ample,
magistralement tissé : le mélange de l’intime dans ce qu’il a de plus vibrant
et du réel dans ce qu’il a de plus dérangeant.
Ma critique :
J'ai lu ce livre, un peu par hasard, après une opération qui m'a
valu une immobilisation longue et plusieurs jours de déprime ! La bonne idée,
me direz-vous ! Eh bien non !
Le hasard a merveilleusement fait les choses : contrairement à ce
qu'on pourrait penser, malgré le sujet glauque, ce livre est un magnifique
hymne à la vie, à l'espoir, à l'amour ! Je n'ai jamais lu aucun texte qui
exprimait avec autant de justesse la solitude et le désarroi du deuil. Jamais
lu aucun auteur non plus qui décrivait avec autant de poésie l'amour. Amour
d'un homme pour une femme, d'un père pour une fille, d'un frère pour son frère,
...
Bref, merci pour ce cadeau-lecture à celle qui se reconnaitra, car
oui, en plus, c'est un livre qu'on m'a offert ! Et je n'hésiterai pas à
l'offrir à d'autres... En espérant qu'il suscitera d'autres réactions...
Un extrait
qui m'a marquée :
"Pourquoi
on arrête de sourire aux enfants dès qu'ils ont quatre ans ?" (Edition
Grasset, pp. 113-114)
Ce que Marta m'a sorti après...
« Vous avez recommencé », m'a-t-elle
déclaré. Et la revoilà en pleurs.
« Recommencé quoi?
—
A ne plus sourire.
—
Mais qui ?
—
Vous, les gens. Tout le monde. »
Son regard était méchant.
« Comme l'autre fois, pareil, a-t-elle
insisté. Qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi, quand les enfants atteignent
quatre ans, arrêtez-vous de leur sourire ? »
Je suis resté sans voix, c'était absurde de
se défendre d'une accusation de ce genre, que je ne comprenais même pas; mais
pour elle, c'était égal parce qu'elle a explosé comme si je m'étais risqué à
répondre.
« Vous ne vous en rendez même pas compte,
c'est ça ? Et pourtant, vous le faites tous, et tous au même moment, à croire
que vous respectez une loi à la con. Non mais, c'est écrit où qu'on ne sourit
plus à un enfant de quatre ans? Ou alors ne lui souriez pas avant non plus, ça
vaudrait mieux, non ? Même pas quand il est dans son landau, nom de Dieu. Toi,
la mère, tu te crèves la paillasse avec ton gosse, tu t'occupes de lui nuit et
jour, tu te sacrifies, tu lui prodigues tous les soins, et tu ne demandes rien
en échange, tu le fais, c’est tout. Puis tu sors, tu l'accompagnes chez le
médecin, tu 1'accompagnes à la crèche, tu retournes le chercher, tu l'emmènes
avec toi au supermarché, et tous les gens que tu rencontres, tous, même ces
connards de touristes, quand ils te rencontrent avec lui, ils te sourient. Ils
sourient à l'enfant, à cause de l'enfant, mais ils te sourient aussi à toi, ils
sourient à ce que vous êtes ensemble. C'est chouette tu sais, et c'est juste
aussi, oui, c'est juste de sourire à une maman qui s'affaire avec son enfant.
Bref, tout le monde fait ce qui est juste, et toi, tu t'y habitues, je
m'explique ? Ces sourires sont de l'énergie qu'on met à ta disposition, et tu
t'habitues à en disposer, tu .penses qu'en dépit de tout ce qui déconne dans ta
vie, quand tu es avec lui, il y a de grands sourires pour toi, là à
l'extérieur, il y a de l'énergie, et ça te rassure. Les gens sourient, à toi et
à l'enfant, au moins ça. Mais soudain, d'un jour à l'autre, vous arrêtez : ça
s'est passé avec Giovanni, quand il avait quatre ans, et ça m'a sacrément
secouée. J'allais dans les magasins, je me promenais dans la rue, je venais vous
voir, et personne ne me souriait plus. Alors quoi, avais-je envie de vous
demander, il est trop grand ? A quatre ans ? Que se passe-t-il ? Qu'est-ce qui
ne va pas ? Pourquoi vous ne souriez plus, merde ! Puis Giacomo est né, et vous
avez recommencé à sourire, tous en même temps, là encore. Chaque fois que je
sortais avec Giacomo, sans exception, vous me faisiez tous de grands sourires
en me rencontrant. Toi aussi, qu'est-ce que tu crois, pas la peine de faire
cette tête, j'y ai été attentive et vous vous comportiez tous de la même façon.
Dans le landau, dans le porte-bébé et puis quand il a commencé à marcher, qu'il
trottinait à côté de, moi en me tenant par la main : ça durait un éclair, un
fichu tout petit instant…
Septembre 2010
WILWERTH Evelyne, Papillon mortel, Editions Luce Wilquin,
2010.
Le résumé de
l'éditeur :
Edwige, la baroudeuse et reporter planétaire, sort peu à peu d’une
étrange torpeur et réalise qu’elle est séquestrée. Pourquoi ? Et quelle sera
l’issue, s’il y en a une ? Or, cela n’est rien par rapport à ce blocage
intérieur… En somme, elle est doublement séquestrée. Alors ? Réussir à cracher
l’abominable souvenir ? L’horreur du papillon ?
Un roman âpre, zébré d’humour et de violentes pulsions de vie. Un style
court, ramassé, heurté. Une auteur chevronnée de romans pour adultes et
adolescents, dramaturge, nouvelliste et essayiste.
Ma critique :
Avec ce livre, je sens venir les conclusions faciles : "elle le
choisit parce qu'il est aussi publié chez son éditrice et qu'elle a rencontré son
auteur". Pourtant non : si je choisis ce roman, c'est parce qu'il est tout
bonnement génial.
C'est en tout cas une de mes grandes découvertes en cette rentrée
littéraire. Et histoire d'être totalement paradoxale, je vous mets en garde :
en plus, il ne fait pas partie de la rentrée littéraire ! Il a été publié au
mois d'avril de l'année dernière, mais j'avais quelques retards de lecture.
Bref, passons les circonstances ! Ce roman est exceptionnel à plus
d'un titre.
D'abord, l'association du sujet et du style. Le sujet : une jeune
femme - Edwige - est séquestrée, on ne sait trop où - si ce n'est que c'est un
univers qui donne l'impression d'un pays situé très à l'est - et découvre peu à
peu ses conditions de captivité. Ensuite, elle est trimbalée d'un lieu à
l'autre, lieux toujours plus accueillants (tout est relatif : elle passe d'une
cave boueuse à une chambre avec robinet - ô luxe !) qui correspondent aux
chapitres du roman. Vous allez me dire : avec un sujet pareil, c'est morose...
Eh bien non, et c'est là la plus grande force d'Evelyne Wilwerth :
malgré le sujet grave, on se marre tout le long. On réfléchit aussi, bien sûr :
on redécouvre notamment avec elle la féminité de cette Edwige captive.
Et puis, on vit ce roman, vraiment. Les phrases courtes, acérées, la
ponctuation choisie... toute cette maitrise stylistique nous donne l'impression
de vivre la captivité et les brimades en même temps qu'Edwige. C'est
époustouflant : en même temps que l'héroïne, on se libère peu à peu de nos
entraves, on recommence à respirer...
Bref, un récit qui vous coupera le souffle plus d'une fois et qui ne
vous laissera sûrement pas indifférent ! Mais quel rapport avec le titre, me
direz-vous ? Je n'en dis pas plus... il ne vous reste qu'à le découvrir, ce
papillon mortel !
Août
2010
STHERS Amanda, Les Terres saintes, Stock.
Le résumé de
l'éditeur :
«
Saviez-vous qu’en Israël on se servait des porcs pour pourchasser les
terroristes ? D’abord parce qu’ils ont un flair hors du commun, ensuite parce
que si un musulman touche un cochon, il se voit refuser les sept vierges au
paradis. On y élève donc des cochons sur pilotis comme l’exige la loi afin
qu’ils ne frôlent pas la terre sainte. Que rêver de mieux comme personnage
qu’Harry Rosenmerck, juif ashkénaze, cardiologue parisien qui a tout quitté
pour devenir éleveur de cochons en Israël ?
Et puis un rabbin est né pour le contredire : Moshe, qui ne supporte pas
cette dérive et encore moins qu’Harry arrondisse ses fins de mois en vendant de
la viande impure aux restaus branchés de Tel Aviv, ça les mène forcément vers
des discussions politiques. Et qu’y a-t-il de plus critique qu’un juif pour
parler de la politique intérieure d’Israël ? Vous connaissez ce dicton sans
doute : quand il y a deux juifs dans une pièce, il y a trois avis.
David, le fils d’Harry, auteur de théâtre à succès, homosexuel, lui
écrit aussi mais son père ne lui répond jamais, incapable d’imaginer son fils
dans les bras d’un homme.
La fille d’Harry, Annabelle, quitte New York pour fuir un chagrin
d’amour et va le retrouver ailleurs en chemin.
Et enfin son ex-femme, mère de ses deux enfants, qui se découvre un
cancer et revisite leur histoire d’amour et ses zones d’ombre comme si cela
pouvait l’aider à affronter la vie et son issue.
C’est un roman sur les limites de chacun, sur ce qu’on ne se dit pas, ou
trop tard. Sur les élans du cœur qui restent coincés dans la gorge. Sur les
instants qui passent et qu’on n’a pas su saisir. Sur la petite histoire dans la
grande. C’est un roman d’amour. »
Ma critique :
Un roman épistolaire génial, qui traite du conflit
israélo-palestinien avec beaucoup d'humour. Histoire de prouver une fois de
plus qu'on peut rire de beaucoup de choses, pour autant qu'on le fasse avec
finesse...
Impossible de rester insensible à l'Histoire dans ce roman.
Impossible aussi de se rallier à une opinion toute blanche ou toute noire.
C'est un roman tout en contrastes qui ouvre le débat sur les conflits en
Moyen-Orient.
Et outre le sujet, le style en impressionnera plus d'un. C'est vif,
bien écrit, drôle et en même temps extrêmement bien construit. Surtout, ne
débutez pas ce roman pour patienter avant un rendez-vous important... Vous le
manqueriez sans nul doute : quand on commence, on ne s'arrête plus.
A lire de toute urgence, donc...
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